sábado, 14 de fevereiro de 2015

Les Nuits de Macao: 1933 (1ª parte)


A "Audaces: revue de Paris" era uma publicação mensal francesa. Na edição de Julho de 1933 Charles Monbase assina o artigo intitulado "Les Nuits de Macao". A história (verídica?) destas "noites de Macau" passa-se no Beco da Felicidade no final de Março/início de Abril de 1933.
Monbase refere-se no artigo a dois amigos portugueses (Jorge Madeira e Vicente Silva) e um hotel... o Miramar. Este nome suscita algumas dúvidas. Não tenho conhecimento de um hotel assim denominado no território à época. Acresce que pela localização referida (frente a uma baía onde passam juncos) tudo indica ser uma referência ao hotel Riviera.  Mas pode muito bem ter existido um Miramar naquelas noites da década de 1930.
Para além de algumas das ilustrações que surgem no artigo original, acrescentei duas imagens recentes do Beco da Felicidade e um detalhe da Rua da Felicidade já nos anos 60, uma zona que contribua para o facto de já nos primeiros anos do século XX Macau ser a "cidade dos prazeres".
De referir que a prostituição era uma actividade legal até meados do século XX. Havia mesmo um regulamento próprio (falarei disso numa próxima oportunidade) sendo as meretrizes (mulher pública, rameira, prostituta, marafona)  e suas 'meninas', sujeitas a controlo regular por parte das autoridades, nomeadamente em termos de saúde. Em 1936, por exemplo, foram realizadas 11.326 inspecções. A proibição da prostituição em todas as províncias ultramarinas foi decretada em 1954. 
Macao, Chine, fin mars.
Ru fond de la place triangulaire, la façade du (an-tan Ung Hang et Cia, vert-pâle, surchargée d'ornements de plâtre, de dorures et d'inscriptions chinoises, rayonne de ses mille lampes; un flot de lumière blanche aveuglante, ruisselle sur les maisons voisines, barbouillées de rouge, rejaillit sur les balcons, sur les enseignes verticales noir et or, sur les grands pots de fleurs. On lit au-dessus des portes: « Sui Yuen Yung Kec, came de vaca, «Sapateria Sin Yuen», « Garage Mei Seng « Tai Heng relojoaria ».
Et le marchand de cartes postales affiche le portrait de Mme Marlènc Diétrich. Ce qui marque l'internationalisme de notre temps, et l'empreinte du Portugal sur les horlogers, les cordonniers et les bouchers chinois de ce coin d'Extrême-Orient.
Il est sept heures du soir. Les passants se hâtent vers leur demeure, ou plus volontiers vers les maisons de jeu. D'une ruelle obscure surgissent sans cesse de minces silhouettes qui, à l'éclat du /an-tan de M. Ung Hang, deviennent de lumineuses créatures, jeunes, fraîches, fardées, tête nue, coiffées sans défaut, enfin, gentilles à l'extrême dans de longues robes collantes, toutes droites, fendues sur la jambe, et boutonnées depuis le genou jusqu'au haut bord d'un col militaire: mauves, roses, vert-pâle, brochées de fleurs du même ton, les soieries chatoient, encontraste avec la médiocrité pittoresque du décor.
Parler à l'une de ces petites? la suivre?... Elles sont déjà suivies, non pas d'un protecteur de mélodrame, l'espèce étant assez rare à Macao, mais d'une protectrice. Une Chinoise, fanée ou vieille, marche à quelques pas, portant un instrument à cordes enfermé dans sa boîte à forme de trapèze. C'est Varna, la patronne de la petite ; elle l'escorte jusqu'au restaurant ou à la demeure où la gracieuse enfant va nasiller des chansons chinoises pour égayer la fin d'un repas entre mandarins.
Certaines, au vrai, vont seules, ou par couples, souriantes et parées; leur élégance ne laisse guère de doute sur leur profession, qui est de distraire les hommes: mais elles ne répondent jamais à un regard, moins encore à une parole et leur sourire est pour chacun et personne. Me voici dans la ruelle d'où elles sortent, pareilles à des abeilles issues de la ruche. Tout au bout, un passage s'ouvre derrière un arc banal illustré de mots prometteurs: Becco das Felicidades, Venelle des Félicités... Dans la pénombre trouée par les lumières venues des maisons basses, on s'aventure sur un sol inégal ; il flotte une odeur épicée: à chaque rez-de-chaussée entr'ouvert sur la rue, je vois un autel à la chinoise; une grande peinture de fond, figurant un terrible génie bariolé de rouge, de vert et d'or, masque la paroi; des vases s'alignent sur l'autel, quelques-uns fleuris; dans des pots, des bâtonnets d'encens - une poudre de santal agglomérée et aromatisée - se consument langoureusement. Chaque maison est occupée par une demi-douzaine de femmes, depuis la petite fille jusqu'à l'antique sorcière; toutes vous regardent au passage, autant qu'elles peuvent vous discerner dans les reflets incertains; puis elles reprennent leur éternelle partie de mah-jong et les dominos claquent sur la table.
Jamais un appel, une invite, un geste; tout est décent, imprégné de bonne éducation ancestrale... Rien de l'atmosphère triste et menaçante des quartiers réservés d'Europe. Ce serait drôle d'entrer là, au hasard; ou bien de voir vers quelle maison se dirige cette petite en taffetas bleu qui vient de me frôler et qui se hâte, d'un air effaré. Maudite ignorance de la langue chinoise! Tout a une fin, même le Becco das Felicidades. Allons, il n'y a plus qu'à reprendre le chemin de l'hôtel: «Rickshaw!» Dix pousse-pousse m'entourent, sans que je sache d'où ils ont surgi, et chacun veut persuader qu'il était le premier. Au milieu de ce bel embarras, et cherchant à expliquer au plus intelligent du lot: «Hôtel... Miramar Hôtel... Hôtel Miramar... »
Une voix amicale s'élève, avec toute la chaleur sonore de la sympathie portugaise : deux amis lusitaniens que j'ai à Macao dispersent la meute des rickshaws, et nous repartons tous trois de compagnie dans le dédale de rues étroites, entre les éventaires où s'épanouissent les canards laqués, et les échoppes de prêteurs sur gages, les fumeries d'opium ou les maisons de fan- tan. je remarque, au passage: «Ces petites Chinoises sont exquises...»
Mon ami Jorge Madeira, qui connaît Macao pour y vivre depuis dix ans, sourit ; et, Portugais, comprend sans réticence: «Vous voulez?... Venez.» Nous tournons le dos au Becco das Felicidades; si je ne mettais toute ma confiance en Madeira, je croirais qu'il me conduit vers un guet-apens, tant les rues sont obscures et enchevêtrées. Un dernier passage, un cul-de- sac, une ou deux lumières filtrant à travers des jalousies, une porte entr'ouverte, un escalier casse-cou, droit comme une échelle, deux étages, une sorte de petit salon où se groupe un mélange hétéroclite de vieux meubles européens, style Troisième République, de bibelots de bazar, de pacotille japonaise et de bonnes céramiques chinoises.
L'orna, qui a l'air respectable, distingué et médiocre d'une directrice de pension de famille, claque des mains, et bientôt un trottinenicnt de souris le long de l'escalier précède l'entrée de trois petites créatures serrées dans leur robe droite, au col montant et aux manches collantes. Simples, gentilles, elles ont une grâce plus amicale que tendre. L'une d'elles, tout de suite, est venue contre moi, et bavarde en anglais - un anglais un peu brise, truffé parfois d'un mot portugais. Elle est menue, fragile, et ses mains minuscules disparaissent tout entières dans les miennes ; son visage chiffonné a une expression un peu moqueuse, qu'accentue le plissement malin des yeux. Combien de générations a-t-il fallu, et quelle antique civilisation, pour arriver au raffinement inné de cette petite bonne femme? 
Et quelle Européenne, de si bonne race qu'elle soit, pourrait sans honte mettre sa main auprès de la main que je tiens avec le respect qu'on porte aux bibelots précieux?
Un bracelet d'or plat ceint le poignet, et j'y lis, en caractères romains, Foun Sem. La petite chinoise acquiesce, en réponse à un regard interrogatif: «Oui, c'est mon nom... Je suis de Hong Kong, c'est pour cela que je'parle anglais... Ma famille vit là-bas... Je vais la voir de temps en temps...» Plus tard, elle me dira: «La moitié de ce que je gagne est pour Varna ; le reste, je l'envoie à ma mère... L'ama n'est pas mauvaise; il y en a de pires qu'elle...»
Petite Foun Sem que mon ami le Portugais a déjà surnommée Papillon, c'est toi que je cherchais sans le savoir; l'une de tes compagnes est plus belle que toi, peut-être ; l'autre est ronde et potelée à souhait : telle la légendaire Boule-de-Suif ; mais ton petit corps souple et tiède, contre le mien, laisse deviner sa perfection fine; tu représentes toute cette exquise délicatesse de la race chinoise ; je ne chercherai pas plus loin. 
continua...

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